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COMMENT NAIT UN CHAR

   Dès la mi-septembre, chaque quartier se retrouve pour échanger des idées glanées pendant "l’inter saison". Il s’agit d’une réunion préparatoire où tout va prendre sens. Les dessinateurs, les concepteurs, les couturières échangent et se projettent vers ce qui va devenir "char animé". Si c’est ok pour les charistes et les couturières, le thème prend forme et chacun allant de son idée, de son expérience donne son impression sur le sujet. Lorsque l’idée est retenue, chacun dans sa partie va s’investir pour trouver le support de base. Joël, Philippe, Bernard vont travailler les plans avec perspectives, voire "3D". Mi-octobre, la matière première est arrivée dans "le local" bâtiment mis à disposition par son propriétaire agriculteur ou artisan. Il s’agit de 300 à 400 m de fil de fer qu’il faudra former à l’aide de coups de marteau ou cintreuse, découper pour ensuite souder. Plus de 1000 points de soudure seront nécessaires

 La structure une fois achevée, est prête à recevoir 30 à 40 m2 de grillage en fonction du volume à recouvrir. Une judicieuse étude préalable déterminera les différents grillages qui recevront mousse, lichen et bien sur des jonquilles.

 Pour terminer, et en prévision des défilés de nuit, sera dissimulé le futur éclairage. Ce serait offenser les "charistes" si l’on ne parlait pas des mécanismes qui articuleront  les éléments et donneront l’animation de l’objet.

 Pour être chariste, il faut, en effet, toucher à tout et faire preuve de certaines capacités manuelles et techniques. Mais, l’union faisant la force, rien n’arrête les constructeurs.

DE FIL EN AIGUILLE

Les chars, c’est l’affaire des hommes. Les femmes ont aussi une part très active dans la préparation de la fête.Les costumes des groupes sont sous leur responsabilité. Système D, imagination,

habileté manuelle sont de mise pour les créations originales. Salle à manger ou lingerie servent de local pour les réunions de travail. Envahie de tissus, la machine à coudre émerge de marées multicolores.En fonction, là aussi, du

nombre de costumes, c’est 70 à 100 m de tissu utilisés pour créer tous les modèles. C’est une grande aventure pour ces quelques couturières amateurs

de travailler comme les grands couturiers créant leurs modèles.

FINITION

"Jonquilles et mousse : tout est naturel sur les chars". La seule règle impérative de la fête des jonquilles, c’est la mousse et les jonquilles qui doivent donc faire l’objet de ramassage et cueillette dans les prés et bois. Un mois avant le jour "J", il faut partir en campagne…

Première sortie : le ramassage de la mousse

Le ramassage de la mousse en forêt, avec l’accord des autorités. Le lichen se ramasse sur un autre site du département, plus secret celui-là, puisque plus rare. Le samedi ou dimanche matin, les familles accompagnées des bambins, en convoi (ou presque), partent pour le ramassage. Cette sortie fait souvent l’objet d’un pique-nique plutôt sympa malgré la fraîcheur. Sinon, ce sont les bottes et imperméables qui équipent les ramasseurs bravant les intempéries

Deuxième sortie : la cueillette des jonquilles.

Si comme il est noté ci-dessus, les quartiers doivent surveiller l’avancée de la floraison, ils ont leurs lieux prédestinés en accord avec les propriétaires de prairies et autres bois.

Chaque année, c’est plusieurs milliers de jonquilles qu’il est nécessaire de cueillir pour fleurir un char. Mais pas de problème avec déja plus de 50 ans d’expérience et avec la vigilance des anciens, les Stéphanois ont le "savoir-faire" pour que le jour venu, pardon la veille, les "rousinettes" soient parfaitement épanouies, pour la plus grande joie des 20 à 30 000 spectateurs attendus. Ainsi, le veille de la fête, couturières et charistes sortent les jonquilles, regroupées en bouquets de 100 fleurs, des lieux de conservation.

 Chaque fleur est "piquée" avec autant de rigueur que de geste artistique. C’est pendant une grande partie de la nuit, et avec minutie, que le "tableau" prend toute sa splendeur. De temps en temps, une petite pause pour prendre le recul nécessaire dans sa tête, mais aussi pour se restaurer afin de tenir physiquement et moralement. Il règne une ambiance très particulière et conviviale en cette finition. Et si, par malheur, un quartier est un peu trop avancé en floraison et qu’il y a risque de pénurie, alors un esprit de solidarité est en place. Chaque quartier possède un listing téléphonique et peut solliciter le quartier voisin ou proposer ses surplus de fleurs.

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